Tout d'abord, un immense merci pour la création de ce forum, car il y a un véritable défaut d'information des futures mamans concernant le cytotec.
Voici mon expérience personnelle, en m'excusant de la longueur du récit:
Le 31 août dernier, j'entre à la maternité pour une rupture de la poche des eaux, un peu moins de 3 semaines avant le terme prévu, pas encore de contractions. Monitoring, tout va bien, on m'installe en chambre, m'explique que pour le moment on attend. La journée s'écoule à ce rythme, monitorings réguliers et puis on attend... En raison de la fermeture du service d'obstétrique de l'hôpital cantonal (en Suisse, c'est l'hôpital public d'une région), cette petite maternité privée est débordée, les sages-femmes passent en coup de vent, très stressées, pas le temps d'expliquer grand-chose... Je demande ce qui va se passer ensuite, on me répond que pour l'instant, on attend. Je demande alors ce que je peux faire pour aider la mise en route du travail, peut-être monter et descendre les escaliers? Non, rien à faire sinon attendre. On m'autorise cependant à aller me promener quelques heures et revenir à la maternité plus tard.
Je reviens à la maternité vers 19h, de faibles contractions et 1-2 plus violentes par heure, je suis plutôt rassurée, le travail commence gentiment, mais je ne m'attends pas à ce que ce soit très rapide, j'ai eu des contractions pendant 40h pour la naissance de ma première fille. Encore un monitoring, la sage-femme trouve que je contracte trop peu, TV, le col est encore bien fermé, à 2. C'est alors qu'on me parle pour la première fois de déclenchement, mais voyant que je ne suis pas très motivée, la sage-femme me dit:"Allez vous reposer jusqu'à 23h30, on refera un monitoring et on en reparle". Je vais donc me reposer, les contractions deviennent un peu plus fortes et plus fréquentes, mais rien d'extraordinaire. Vers 23h30, retour en salle d'accouchement pour un monitoring et là, la sage-femme me dit: "Vous ne contractez pas assez, on va vous donner quelque chose pour augmenter les contractions". Moi, plutôt récalcitrante, elle insiste: "Ca fait 24h que la poche des eaux est rompue, votre bébé va s'infecter, IL FAUT accélérer le travail". Bébé me paraît aller bien et le RCF (rythme cardio-foetal, ce qu'on observe au monitoring) est régulier, mais je ne suis pas médecin et cette femme connaît son métier, si elle dit que bébé est en danger, elle doit le savoir et je lui fais confiance. Elle dépose alors un comprimé sur mon col puis, alors que je lui demande quelques précisions, quelque peu inquiète, elle se fait rassurante: "reposez-vous un peu, dans 2 heures vous aurez des contractions très fortes, ça va partir comme un cheval au galop!" et elle s'en va, me laissant scotchée au monitoring. Bon, le cheval au galop n'est pas très rassurant, mais au moins je sais à quoi m'attendre, me dis-je naïvement. Sauf que...
Sauf que 10 minutes plus tard, violentes contractions, très rapprochées, je me tords de douleur, des alarmes se déclenchent, la sage-femme rapplique aussitôt, s'affaire autour du monitoring, me dit que le RCF baisse à chaque contraction, puis encore une contraction, tellement longue, elle ne veut plus s'arrêter, le RCF baisse à nouveau, cette horrible, insupportable contraction ne s'arrête toujours pas... La sage-femme me dit "c'est très mauvais, on va essayer d'arrêter ça", on me perfuse, la contraction s'arrête. La sage-femme repart. Mais les contractions recommencent, tellement violentes, tellement proches, le RCF chute à nouveau, alarmes, retour de la sage-femme paniquée. Elle ne me parle plus, ne me regarde plus, les yeux rivés sur le monitoring, elle augmente ma perfusion. Le cocktail de toutes ces drogues commence à me rendre mal, je tremble, de plus en plus fort, je ne me contrôle plus. Je m'accroche à mon compagnon:"mon coeur, ça va pas là, je peux plus arrêter de trembler". Les tremblements s'intensifient encore, jusqu'à devenir des convulsions et ces contractions toujours plus violentes, je ne suis plus que souffrance, j'ai peur, je vais mourir. La sage-femme a appuyé sur toutes les alarmes, des gens courent dans tous les sens et parlent en suisse-allemand de moi. Enfin on m'adresse la parole:"on vous emmène au bloc". Non, je ne veux pas qu'on me prenne mon bébé, je ne veux pas qu'on m'ouvre le ventre, je le dis, je le hurle, rien n'y fait, on me m'écoute pas. Je convulse toujours, on me maintient, tout en me déshabillant et en me rasant, je hurle que je ne veux pas. Une infirmière, probablement idiote: "Mais madame, pourquoi vous ne voulez pas de césarienne?" Co***asse, et toi, tu veux que je t'ouvre le bide? Je lui dis que je ne veux pas qu'on prenne mon bébé qu'on l'emmène loin de moi. Je hurle encore mon refus, "tout allait bien avant que vous me mettiez cette merde, vous avez fait assez de mal, laissez-nous tranquille maintenant!" Je veux m'enfuir, mais je ne peux pas, il a fallu m'attacher pour prévenir les convulsions, je suis sanglée à ce lit. L'horrible sage-femme me dit alors "De toute façon si vous êtes pas d'accord, on vous endort complètement et vous verrez pas votre bébé!" Je voudrais la tuer, je ne peux que me résigner, on m'emmène au bloc, en pleurs, désespérée. Là tout va très vite, c'est fini, ils ouvrent mon ventre et me prennent mon bébé, j'entends "c'est une fille" (je ne le savais pas) on la tend vers moi, je l'aperçois à peine, on la colle sur ma bouche pour un rapide bisou et on l'emmène vite loin de moi avec son papa. C'est fini, il est 1h53, tout a été si vite, c'est fini.
Je vous épargne les détails de la fin de l'opération, retour en salle d'accouchement puis en chambre. Ma petite puce est avec moi, elle a échappé aux soins néonat (Apgar 10-10-10!), elle est en parfaite santé. Pourtant, je pleure toujours, je suis inconsolable de cette naissance volée. Vers 5h du matin, papa s'en va pour se reposer un peu. La sage-femme, toujours la même horrible sage-femme, le raccompagne, la porte étant fermée de nuit. Mon compagnon est encore terriblement choqué de tout ce qui vient de se passer, épuisé, mais cette femme se permet encore de lui expliquer que ce n'est pas la faute du médicament, mais parce que je n'ai pas réussi à arrêter complètement de fumer pendant ma grossesse et que je pleure parce que je culpabilise. La suite du séjour est un enfer, je veux partir au plus vite de cette maison de torture, je rentre à J+4, une sage-femme libérale viendra à la maison enlever mes agrafes, je ne peux plus rester là-bas.
De retour à la maison, je ne digère toujours pas le comportement de cette sage-femme, ses remarques. Je décide alors d'écrire à la direction de la clinique pour les en informer, mais j'ignore son identité. Je fouille donc parmi les papiers que l'on m'a remis pour le pédiatre de ma fille, et là, je découvre que partout où le nom de la sage-femme devrait être inscrit, il a été tracé, impossible de savoir qui elle est. Cette bizarrerie ajoutée à son comportement me pousse à m'interroger. En lisant ces papiers, je découvre le nom du médicament utilisé: le cytotec.
Je commence alors mes recherches sur internet et comprends: Ce médicament n'a pas reçu d'autorisation de mise sur le marché pour le déclenchement d'un accouchement, son utilisation off-label impose d'informer le patient qu'il n'est pas autorisé et potentiellement dangereux et surtout qu'il existe d'autres alternatives au déclenchement du travail qui, elles, sont réversibles lorsqu'un problème est constaté (les prostanglandines E2, également utilisées pour la maturation du col, ont une demi-vie de quelques minutes, contre une heure et demie pour le cytotec: si un problème survient, on arrête le médicament et l'effet cesse très rapidement, pas avec le cytotec). Ce qui m'est arrivé, ces contractions si violentes et si longues, est appelé hyperstimulation utérine. L'hyperstimualtion utérine, qui entraîne un RCF pathologique, est un des principaux effets secondaires du cytotec.
La sage-femme avait prévenu : Un cheval au galop
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Re: La sage-femme avait prévenu : Un cheval au galop
Peut-être que cette sage femme avait lu l'excellent article de Cécile Loup intitulé "La chimère du misoprostol" :
http://www.quellenaissancedemain.info/l ... otec).html
http://www.quellenaissancedemain.info/l ... otec).html
Un cheval emballé à tête de taupe poursuit sa course aveugle en fouettant l’air de sa queue de dragon. La chimère du misoprostol abritait un fantasme, la promesse d’un monde meilleur, dans lequel tous les accouchements seraient programmés et dureraient au maximum 8 heures top chrono. C’est à nous, parents, de rendre sa tête et sa queue à ce cheval fou. C’est à nous de dire « non » à ceux des obstétriciens qui ont perdu le sens de la vie.